Que vous soyez arrivés ici par hasard, ou après un petit jeu de piste, il y a de quoi être surpris de trouver une stèle commémorative dans cet endroit naturel.
D’habitude les stèles se trouvent au centre des villages, près de la mairie ou de l’église.
Pourquoi une stèle en plein milieu du bois du Lanot à Idron ?
La stèle est dans le bois parce que c’est là, à cet endroit même, que 5 résistants ont été fusillés le 15 juin 1944.
Ils ont été fusillés dans ce bois parce qu’à l’époque, le lieu était particulièrement isolé, désert et peu fréquenté, à côté d’un champ, en pleine campagne. En 1944, la passerelle n’existait pas, et la rocade encore moins, on traversait l’Arriu Merdé à gué.
Un bon endroit pour commettre un crime !
Quelles sont les circonstances de ce drame ?
Voilà ce que nous apprend le rapport de police, établi le 29 aout 1944, suite à la découverte d’une fosse contenant 5 cadavres : « Dans la soirée du 15 juin 1944, deux camions allemands ont traversé rapidement le village d’Idron et se sont engagés dans le chemin qui conduit à Lanot. Quelques minutes après leur passage plusieurs rafales de mitraillettes ont été entendues, puis les camions sont repassés à Idron vers 20h, débâchés, alors qu’à leur premier passage, ils étaient couverts… »
Qui sont les résistants qui ont été fusillés là ?
Michel Loustau, Louis Mourlhon et Pierre Cotonat étaient tous les 3 policiers à la 17ème brigade de police de sûreté de Pau.
Ils avaient rejoint la résistance avec de nombreux collègues ainsi que leur commissaire, le commissaire Spotti.
Le 12 juin, ils s’étaient enfuis de la brigade, en emportant au maquis, des véhicules, des mitraillettes, des munitions et du matériel divers.
Ils ont été capturés à Rebenacq, le 14 juin 1944, au cours d’une embuscade, torturés puis exécutés avec 2 autres détenus au bois du Lanot.
- Michel Loustau avait 46 ans, il avait un fils, Jean-Claude Loustau.
- Louis Mourlhon avait 32 ans, il avait un fils Jean-Louis Mourlhon.
- Pierre Cotonat avait 39 ans, il avait 2 enfants : René et Christiane Cotonat.
Qui sont les 2 autres fusillés ?
René Amiel était engagé dans le Corps Franc Pommiès du maquis dans la section Knotte.
Il a été fait prisonnier à Sévignacq Meyracq le 14 juin 1944 en couvrant avec son compagnon Charles Laborde (18 ans), la fuite de ses camarades qui venaient de faire subir des pertes importantes aux Allemands. Laborde est tué dans l’opération. Amiel sera fusillé le lendemain à Idron avec 4 autres résistants. Il avait 28 ans.
Georges Coran a été identifié après 10 ans d’enquête. Il a été capturé à Aire sur Adour, soupçonné d’appartenir à la résistance, il est emmené à Pau et sera fusillé avec les 4 autres, le 15 juin 1944. Il avait 45 ans.
Pendant plus de 75 ans, ce 5ème fusillé d’Idron est resté « l’inconnu ».
Comment Georges Coran a-t-il été identifié ?
Eric Amouraben, le petit fils de Pierre Cotonat, est lui-même inspecteur de police. Il a lancé une enquête personnelle sur « l’inconnu d’Idron » pour savoir qui était le compagnon de son grand-père.
Cette enquête a duré 10 longues années. Après l’enquête, Georges Coran a été identifié comme le 5ème fusillé de cette stèle.
La stèle des fusillés à Idron
De quand date cette stèle ?
Une première stèle avait été posée dans le bois en 1945, c’était une grande plaque de marbre, un peu comme une pierre tombale.
La stèle actuelle a été inaugurée en octobre 1977 par le préfet Monfraix, à l’endroit où ont été découverts les corps.
C’est la commune d’Idron qui a fait construire cette stèle. Elle est composée d’une colonne en pierre coupée au sommet, posée sur un double socle de ciment.
La colonne brisée symbolise un élan brutalement interrompu, les vies brisées…
Le double socle de ciment symbolise la solidité des existences et des engagements. Les résistants étaient également des pères de famille.
Le motif végétal sculpté est composé de feuilles de lauriers et de boutons de rose : le laurier pour célébrer le courage et les boutons de rose pour symboliser la jeunesse des héros morts dans ce bois.
Qui entretient cette stèle ?
C’est Le Souvenir Français qui entretient cette stèle.
Quand ont lieu les commémorations ?
Tous les ans, à la date anniversaire, le 15 juin, il y a une cérémonie de commémoration. Il y en a aussi parfois fin août, lors des commémorations de la libération de Pau.